La Belle Louison

Natif de Joué-lès-Tours et y ayant passé les vingt premières années de ma vie, curieux d'Histoire (la grande) mais aussi d'histoire locale, suis-je pour autant impardonnable de ne pas avoir connu ce qui va suivre ?

Je me dis que non car, à mon époque, il n'y avait pas internet et cette possibilité inouïe que nous avons aujourd'hui de tout connaître sur tout ou quasiment. Presque d'un simple clic.

Et ce tout en restant chez soi. 

J'étais un peu rat de bibliothèque étant jeune. 

Arrivé à l'âge de la retraite (et de l'internet) je le suis redevenu en quelque sorte et j'y ai trouvé plus que de l'intérêt, du plaisir.  Plaisir de découvrir sur des sujets qui me passionnaient et dont je croyais parfois tout connaitre. 

Ce dont je vais parler maintenant en est un exemple. 

S'il est un lieu où je suis passé maintes et maintes fois à pieds, seul ou en compagnie de mon père dans nos promenades dominicales, c'est bien celui de la Marbellière.

A l'origine, vers les années 1500, ce fut un fief appartenant à une famille d'origine écossaise (ou irlandaise) les Coningham, Patry en 1512 puis Gabriel en 1596.

Puis, au XVIIème siècle, il tomba aux mains de la famille Rogier de la Marbellière.  Il comprenait alors un domaine et un manoir. 

Jean Rogier de la Marbellière, seigneur du dit,  fut maire de Tours en 1608 et eut une fille prénommée Louise,  née le 21 septembre 1619 au domaine de la Marbellière (Joué-lès-Tours 37).  On ignore le nom de la mère. 

En grandissant celle-ci se révéla d'une grande beauté au point que le frère du roi Louis XIII, Gaston d'Orléans, Duc d'Anjou, s'éprit d'elle, en fit sa maitresse et de là vint son surnom de "Belle Louison".

Ils eurent une brève liaison d'où naquit le 13 janvier 1640 un fils, Jehan Louis d'Orléans, à qui fut conféré le titre de chevalier de Charny qui devint lieutenant général au service du roi d'Espagne et fut gouverneur d'Oran en Afrique du Nord.  Il mourut en Espagne en 1692.

Abandonnée par son amant, la Belle Louison entra au couvent de la Visitation de Tours qui se trouvait à l'emplacement actuel de la Préfecture d'Indre et Loire. Elle en devint la prieure et y mourut le 17 février 1708 âgée de plus de 90 ans !

Au XIXème siècle, le domaine de la Marbellière appartint à deux propriétaires à la fois mais en 1850 l'un d'eux acquit l'ensemble et en fit détruire la partie la plus ancienne très abîmée.  

En 1873, tout le bâtiment fut reconstruit ne laissant d'origine que la très belle porte d'entrée du parc, classée monument historique (voir photo infra) 

Les derniers propriétaires furent Edme-Jules Pic-Paris (1901), Pierre-Jules Lucas (1904), Jacqueline Cornuau (1913), Marie-Anne Bachelier (1941) et enfin le pharmacien Louis Laffort de 1943 à 1964.