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divers sujets : personnels, histoire, littérature

Alain BARRIERE (1935 - 2019)

Ma vie (1964)

 

Ma vie,

J'en ai vu des amants,

Ma vie,

L'amour ça fou'l'camp.

Je sais,

On dit que ça revient.

Ma vie,

Mais c'est long le chemin.

 

Ma vie,

J'en ai lu des toujours.

Ma vie,

J'en ai vu de beaux jours.

Je sais,

Et j'y reviens toujours.

Je sais,

Je crois trop à l'amour.

 

Ma vie....

Je sais,

On dit que ça revient.

Ma vie,

Mais c'est long le chemin.

 

 

Photos de Alain Barrière - Babelio.com

 

 

 

Une autre vie (1978)

Une autre vie,

Il est peut être une autre vie,

Loin de ce monde bien trop petit,

Une autre vie.

 

Une autre vie,

Crois-tu qu'il est une autre vie,

De grand silence et d'infini ?

Une autre vie.

 

Qui a su dire

Les chemins de l'au-delà ?

Qui l'a su dire ?

Qui le dira ?

Quoi qu'il arrive

J'y veux un monde pour toi et moi,

Oui seulement pour toi et moi.

 

Une autre vie,

Il est sans doute une autre vie,

Au bout du rêve, de la folie,

Une autre vie.

 

Qui peut nous dire

Ce qu'il advient dans l'au-delà ?

Et si l'amour, l'amour est roi?

Arrive-t'il que les grands amants d'ici bas

Ailleurs ne se retrouvent pas ?

 

De grand silence et d'infini,

Une autre vie

 

Une autre vie,

Nous serons dans une autre vie,

Toi l'irréel, moi le maudit,

Une autre vie.

 

Entre ces deux chansons-cultes d'Alain Barrière, quinze ans, durée en fait de sa carrière en France. Je dis bien en France, on verra pourquoi plus loin. 

Avec "ma vie" il n'en était pas à sa première, certes.  Avant il y avait eu "Cathy" (1961) primée au Coq d'Or de la chanson française et "elle était si jolie" (1963) sélectionnée au concours de l'Eurovision, classée 5ème.  Mais avec "ma vie"  ce  fut pour lui véritablement la consécration et l' Olympia

De même  "une autre vie"  ne fut pas sa dernière bien qu'il avait déjà pratiquement décroché de la scène.

Né en 1935 à la Trinité-sur-Mer (Morbihan) dans la même rue que Jean-Marie Le Pen qui fut un copain d'enfance, fils de mareyeurs, d'origine bretonne par sa mère, Marie-Louise Bellec, mais italienne par son père, il grandit en Bretagne élevé par sa mère. Plutôt livré à lui-même semble t'il, errant solitaire entre les bords de mer et la lande, enfant de la nature, rebelle, rêvant d'évasion.  Parti pour être mauvais élève, il fut pourtant rattrapé par un instituteur qui se prit d'intérêt pour lui, devinant ses possibilités, si bien qu'il devint élève studieux poursuivant brillamment ses études secondaires pour entrer à vingt ans à l'école d'ingénieur des Arts et Métiers d'Angers dont il sortit diplômé. Son entrée dans la vie active se fit comme ingénieur chez Kléber-Colombes où il restera deux ans.

Mais, depuis étudiant, il s'était pris de passion pour la poésie et la musique composant déjà sur sa guitare. 

En 1961, prenant le pseudonyme de Barrière, il se présenta au concours du Coq d'Or dont la finale devait se dérouler à l' Olympia. Sa chanson "Cathy" s'y classa avant dernière mais son auteur-interprète fut néanmoins remarqué par Bruno Coquatrix lequel devait confier plus tard qu'ayant déjà ressenti deux chocs avec Bécaud et Brassens, chocs tellement forts qu'il ne pensait pas en ressentir un troisième avec Alain Barrière chez qui il devina l'étoffe d'une grande vedette.

Ayant signé un contrat avec les disques RCA l'année suivante, il démissionna de son poste chez Kleber-Colombes. pour se consacrer à la chanson.

 

Passons sur le déroulement de sa carrière en France qui est connu jusqu'à son apogée en 1975 où il comptait déjà plus d'un million de disques vendus et d'innombrables galas tant en France qu'à l'étranger.

 

Pour autant, Alain était resté un garçon assez sauvage, détestant les mondanités, la vie dans les grandes villes, s'isolant pour écrire, faisant son chemin en dehors des systèmes du show-biz.

Fin 1973, il allait surprendre en désertant quelque peu la scène et les plateaux télé, tout en sortant de nouveaux disques.

En fait et depuis trois ans déjà il nourrissait un grand projet : créer un centre de rencontres musicales et culturelles en Bretagne avec bar et restaurant où lui-même se produirait et ferait venir des artistes.  Après bien des recherches il trouva le site idéal à Carnac : une vaste propriété plantée de pins avec un vieux château à restaurer et un petit lac.

Il se mit alors en tête d'en faire l'ouvrage de sa vie (cf "If" de Rudyard Kipling qu'il devait plus tard mettre en musique).

Il en dessina et redessina tous les plans, respectant le cadre et le style extérieur de la construction, n'employant que la pierre du pays.  Bon ingénieur certes Alain l'était sans doute moins comme gestionnaire de son projet ; têtu comme un Breton qui se respecte (avec ses deux rides verticales entre les yeux) il entendait tout régenter au lieu d'accepter de s'appuyer sur des personnes compétentes qui lui aurait sûrement évité bien des erreurs.

Menant les deux choses à la fois, sa carrière de chanteur et son chantier, il finit par s'endetter inconsidérément dans cet ambitieux projet qui allait l'acculer presqu 'à la faillite avec le fisc à ses trousses et dont il se disait harcelé.  

Si bien qu'il décida de s'exiler en famille (il s'était marié entre temps et avait eu une petite fille, Gwenaëlle) aux États-Unis où il était connu et apprécié pour s'y refaire financièrement.  Son absence dura quatre ans. 

Ayant pu acquitter une partie de ses dettes, il avait compté sur la reprise de sa carrière de chanteur pour se renflouer mais son éloignement des scènes françaises l'avait beaucoup desservi et il ne rencontra plus le même succès.  

D'où un nouvel exil de plusieurs années, cette fois au Québec, province canadienne francophone où il était adulé et où il sortira entre autres son album "Entre Québec et Montréal". 

Il ne rentra définitivement en France qu'en 1998 mais,  reconnaissant envers le public québécois, il y retourna par la suite pour des galas. 

S'il put ainsi régler ses problèmes financiers avec Stirwen (nom dont il avait baptisé son établissement de Carnac, l'étoile blanche en breton) il ne put renouer véritablement avec la chanson sur scène comme avant mais continua de composer et de se produire en salle et en tournées épisodiquement.

Mais il y avait Stirwen dont la renommée était faite et qui marchait bien, y recevant des vedettes de renom de la chanson et du cinéma, y organisant des fêtes.  Il avait tenu à mettre la Bretagne au centre de ce projet, pourtant il ne reçut à son ouverture qu'un accueil mitigé des Bretons eux-mêmes et ce fut sûrement une blessure pour lui. 

Il ne s'était d'ailleurs jamais présenté comme chanteur breton, parlant mal la langue, mais comme breton d'abord et chanteur français. 

La sortie de son autobiographie dans les années 2000 et dans laquelle il règle ses comptes avec le milieu de la chanson, l'Administration et le Fisc en particulier,  lui apporta un petit regain de popularité mais les ennuis de santé se succédant il tomba rapidement aux abonnés absents dans les médias.

Sa fille, Gwénaëlle, avocate de profession, avait pris en main ses affaires, toute dévouée à ce qui était pour son père l’œuvre de sa vie.

Elle continue de mener la barque après son décès survenu  en 2019  à l'âge de 84 ans.

                                                                            -oOo-

 

Extrait de sa biographie "Ma Vie

publiée en 2006

aux éditions du Rocher :

" Je ne devrais plus être là pour vous raconter mon histoire... ma vie ou comment on flingue dans la France de la fin du XXe siècle un homme trop entreprenant, trop créatif... Mais pour son malheur trop fier et trop indépendant... Par despotisme... Par jalousie mesquine... Par bêtise... J'étais devenu une vedette internationale tout seul ou à peu près, mes disques étaient exportés et mes chansons jouées sur tous les continents, je participais - à mon niveau - au rayonnement culturel de la France dans le monde... J'étais un homme libre qui n'en voulait à personne et j'étais une source d'emploi, de revenus, de richesse pour mon pays....Or, ils m'ont descendu.TOUS."

"La vie d'Alain Barrière compte parmi les plus tourmentées de l'univers du show-business. Ma vie raconte cet itinéraire erratique et émouvant, d'une richesse inouïe, plein d'enseignements. Alain Barrière explique comment le gosse des rues de La Trinité-sur-Mer, qui a grandi sans père et dans le dénuement, accède à force d'opiniâtreté aux Arts et Métiers à Angers, puis comment le scientifique, ingénieur le jour, devient en deux ans une vedette de la chanson française. Double vie impossible qu'il paiera au prix d'une longue hospitalisation et d'un choix en faveur de la chanson. Des premiers succès à la maladie, de la féerie de la cour d'Iran où il est invité à chanter, du triomphe de Tu t'en vas en Europe (3 200 000 exemplaires vendus) à un silence forcé, la création ne l'abandonne finalement jamais."

 

                                                                               -oO-

 

C'était mon hommage à ce chanteur mort à 84 ans, mon âge actuel, que je place au rang des Bécaud, Aznavour, Brassens même, que j'ai beaucoup aimé jamais oublié, dont je fredonne encore de ses chansons et en écoute souvent sur Deezer.

 

     

 

 

 

 

 
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